Courée des Oursins

Courée Castejon

Courée Mouraille

Courée Arnaud

Courée Sacomanne

Courée Fenouil-Puget

Courée de la Redonne

 

 

Histoire de la Courée

         La courée est une forme d’habitat ouvrier mélangeant les caractéristiques de l’ habitat collectif à l’habitat individuel.

Certains habitants des courées, les plus anciens, parlent du temps où leurs parents et parfois grands-parents sont arrivés d'Italie et d'Espagne à Marseille et à l'Estaque pour travailler dans les usines.  La mémoire ouvrière des courées est reliée à la précarité des conditions de vie, difficiles et laborieuses, qui allaient de pair avec une entraide et une solidarité familiale et de voisinage plus forte qu’aujourd’hui. La population des courées présentait alors une grande homogénéité sociale, puisque la plupart de ses habitants étaient des ouvriers.

La vie quotidienne rythmée par le travail et un système de valeurs partagé par tous réglaient la vie en "communauté" des courées. Ceci dit, dans la courée, "c'était familial, mais chacun chez soi quand même". 

Courée Castejon. Vue générale de la partie nord depuis la cour-anglaise

"Rose, c'est une amie là, elle est venue l'autre jour. Elle disait qu'elle était née là, dans cette pièce. Elle a 88 ans. Eh bien le père de Rose. Le père R. Mon père à moi. Le père en face. Ils étaient tous de la même région d'Italie ils étaient tous de Reggio Emilia. C'est l'un qui faisait venir l'autre".

"Là avant c'était comme à Kühlman, la majorité c'étaient des Italiens. Pennaroya, c'était des Espagnols. La Coloniale, les ciments Lafarge, c'étaient des Italiens. C'étaient tous des Cantagallo. C'est un même village. Ils sont tous du Piémont. Nous, on venait de Reggio Emilia. Moi je suis né à Marseille, mais..."

"Les usines se montaient à l'époque. Kühlman a été construite en 1908. Et mon pauvre grand-père est venu d'Espagne pour travailler ici à Pennaroya. Parce que Pennaroya c'était le trust espagnol. Les mines de plomb et de cuivre elles sont dans le sud de l'Espagne. Donc Pennaroya avait envoyé ses usines en déplacement ici".

"C'est l'un qui appelait l'autre. Un qui est parti avec le baluchon, il a planté le baluchon, il a dit aux autres allez viens !"

 

Aujourd’hui, on y rencontre toutes les classes d'âge, des plus jeunes (couples avec ou sans enfants, célibataires) aux plus âgés (souvent des personnes seules).
Certains habitants ont choisi de vivre dans les courées parce que leurs parents y habitent, ou y ont habité toute leur vie, leur ont laissé une maison, ou parce qu'ils l'ont tout simplement achetée. Dans de nombreux cas, les habitants n'avancent pas comme raison de leur choix la courée elle-même, mais le fait qu'ils "sont de l'Estaque", qu'ils "y sont nés" et que de ce fait, ils tiennent à s'y installer et à y rester. Parfois, il arrive aussi que le type d’habitat de la courée ai été un élément décisif dans leur choix de s’y installer "Dès que je suis entrée ici, ça a été le coup de foudre ! La cour, la maison, ça m'a plu" dit une locataire de la courée de la Redonne.

A l’origine, la propriété est unique et se transmet comme telle à travers les héritages et les ventes. Le statut social des propriétaires reste le même. La division en copropriétés intervient à des dates variables, de 1899 à 1963, mais le statut locatif des logements perdure dans la plupart des cas jusqu’après la dernière guerre et subsiste encore à l’heure actuelle pour certaines courées. Dans tous les cas, l’espace central de la cour reste de propriété et d’usage collectifs.

Deux des constructeurs des courées estaquéennes, Jacques Tamisier et Louis Mouraille, sont tuiliers, mais aucun élément ne permet d’avancer que les courées ont été construites par les patrons d’usine pour y loger leurs ouvriers. Les constructeurs appartiennent plutôt à la petite bourgeoisie des fabricants et négociants, qui réalisent ici des opérations d’investissement immobilier, destinées à la location. Le plus souvent eux-mêmes ou leur famille possèdent de nombreux biens immobiliers, à l’Estaque et aux Riaux.
Parmi les constructeurs, les restaurateurs gargotiers trouvent une place de choix: courée Arnaud, Castejon, impasse des chalets, pour les exemples ou les logements sont les plus modestes.

 

Repères historiques

La construction des courées à l’Estaque et aux Riaux s’échelonne sur un peu moins d’un siècle, du milieu du XIXe siècle (courée des Oursins) à la veille de la Grande Guerre (courées de la Redonne et des chalets).

Toutes ne sont pas datées avec la même précision, mais une chronologie des constructions est possible :

1843 - 1850 : courée des Oursins

1873 : courée Fenouil-Puget, immeubles sur le boulevard

1881 - 1883 : courée Fenouil-Puget : logis en fond de cour

Vers 1880 : courée Sacomanne

1883 -1911 : courée Arnaud

1902 : courée Mouraille

1908 : courée Castejon

1912 - 1914 : courée de la Redonne

1913-1914 : courée de l’impasse des chalets

1923-1927 : courée de la campagne Bellevue

 


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