La courée Arnaud
Aux Riaux, le cadastre de 1819 révèle la présence de plusieurs bastides rurales, dont le château Fallet, à l’est du ruisseau des Riaux, et la "maison Tesse", située plus haut sur le côteau. La propriété foncière, acquise par Th. Perier passe à la famille Villeneuve. Peut-être s’agissait-il d’une voie d’accès au chantier du tunnel de la Nerthe pour la voie P.C.M : ce qui expliquerait la topographie de rampe d’accès. A l’emplacement de la courée s’étendent des bois, des vignes et des labours. Cette propriété appartenait à la famille de Villeneuve dans le 3e quart du 19e siècle. Peut-être la fabrique en forme de tour est-elle à attribuer à cette période.
Ancienne allée charretière. Vue d'ensemble de la partie basse de la courée, prise depuis le nord, dans l'axe de la cour. A gauche, alignement des maisons adossées au ruisseau des Riaux.
Plan de l'usine de Mme Veuve Edmond Régnier située à l'Estaque banlieue de Marseille.
En 1867, Edmond Régnier demande l'autorisation de construire un port à l'embouchure du ruisseau des Riaux, pour le service de l'usine qu'il a l'intention de construire. La construction de cette usine d'huile et de benzine date de 1869-1871. Elle a vraisemblablement un lien avec l'ingénieur chimiste Alexandre Ckiandi, propriétaire du terrain limitrophe, qui a inventé en 1869 un réservoir pour huiles de pétrole et autres matières plus légères que l'eau. Edmond Régnier demande l'autorisation de traiter des matières inflammables en 1873. Il obtient également l'autorisation d'établir un embarcadère pour l'usine et le bail est renouvelé en 1877. En 1887, sa veuve demande sans succès l'acquisition d'un lais de mer, suite à la construction du chemin de grande communication qui sépare l'usine du rivage. Cet ensemble est acquis en 1907 par un patron charretier Joseph-Louis Arnaud, qui conserve le tracé général des bâtiments, les transforme en logements et construit des "cabanons", c'est-à-dire des logements modestes - sans doute la petite série côté ruisseau - et qui ajoute des baraques en bois du chantier du canal du Rove, qui ont servi de logements aux prisonniers de guerre après la Seconde Guerre. Les espaces libres sont construits ensuite (l'ancien jardin). L'ensemble est divisé en copropriété dans les années 1960.
Vue de l’alignement de maisons formant la rive orientale de la courée.
La courée Arnaud constitue un exemple particulier, atypique à plusieurs égards : sa surface importante, la relative dispersion des bâtiments qui la composent, la présence de certains éléments remarquables (immeuble à logements à architecture préfabriquée en bois, pigeonnier en rocaille).
Vue de l'entrée sud de la courée par un passage couvert.
Cet ensemble occupe un quadrilatère d'environ 2 800 mètres carrés sur la rive gauche du ruisseau des Riaux. Délimité par des murs de soutènement, il s'étendait jusqu'en bord de mer, la route du littoral n'étant pas construite lors de son édification. Les installations industrielles proprement dites, d'après un plan non daté mais vraisemblablement des environs de 1870, comprennent outre une maison et une maison de contremaître, un générateur, une cloche, un malaxeur, des magasins (le cadastre énumère bâtiments des machines et réservoir, quatre hangars). L'espace usinier distinguait l'espace productif et le logis avec jardin. La tour figurée sur le plan est une fabrique de jardin en rocaille en forme de tour ruinée néo-gothique. Une allée charretière descend jusqu'au bord du rivage où s'élevait un embarcadère. Actuellement, cet ensemble est en retrait de la mer. Il est accessible par un porche sous maison au sud et par une passerelle sur la montée Antoine-Castejon, au-dessus du ruisseau. Le plan d'ensemble a peu changé. Sur la partie haute, les maisons ont remplacés les magasins.
La courée Arnaud est la seule courée à l'Estaque à porter encore le nom de l'ancienne famille des propriétaires, les Arnaud. Du temps où elle appartenait aux Arnaud, un portail était aménagé sous le porche de l'entrée. C'était "la mère Arnaud" qui ouvrait le portail tous les matins et qui le fermait tous les soirs.
Lavoir commun avec à l’arrière plan les latrines communes.
L'un des "cabinets" d'autrefois, situé dans l'ancien pigeonnier qu'on appelle aujourd'hui encore, "la tour", devenu "l'emblème de la cour", tombe en ruines, mais personne ne s'engage à faire des travaux de restauration de ce monument historique de la courée.
De même la cour, transformée en voie de passage pour les voitures, est devenue une route en très mauvais état, qui demande à être réparée. Mais la réparation tarde à se faire.
Signe que la cour est un espace difficile à gérer en commun.
Aujourd'hui comme autrefois, la cour Arnaud est divisée en deux espaces distincts : "le plateau", en haut, se distingue du reste de la cour, en bas. L'ensemble a gardé le surnom ironique de "Cour des miracles".
Maison, 13 cours Arnaud. Ce logis a conservé son aspect d’origine. Ces maisons basses, de taille très modeste, sont souvent appelées cabanons dans les anciennes matrices cadastrales.
IL s’agit du seul exemple de remplois d'espace usinier dans ce quartier. La réutilisation des alignements de bâtiments industriels pour les usages et constructions ultérieures est un phénomène fréquent. La courée est atypique, portant trace de son histoire.
Vue prise en direction du sud : la cour-chemin cimentée et les logis alignés, adossés au ruisseau des Riaux.
Vue en enfilade des maisons alignées contre la limite ouest de la courée, en contre-haut. Passage desservant les différentes parcelles
Plan masse de l’usine de produits chimiques Edmond-Régnier, devenue courée Arnaud
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