Architecture
L’architecture des villas
Vue aérienne du quartier Mala
Les villas construites entre 1880 et 1910 ont une surface moyenne de six cents mètres carrés, répartis sur trois ou quatre niveaux et des étages hiérarchisés. Leurs façades, souvent reprises de l’architecture italienne, sont traitées dans un style éclectique, influencé pour certaines par l’architecture du moyen-âge, du baroque germanique ou classique et pour d’autres par les courants modernes en train d’éclore. Au cours de cette période, la quête de la lumière et la vue sur le paysage, devient la préoccupation majeure des architectes pour répondre aux attentes des hivernants.
Vue aérienne du quartier de Cap-Fleuri
Deux catégories de villas coexistent : les villas dites aristocratiques et les villas dites bourgeoises.
Ce courant éclectique fondé sur un historicisme architectural évolue au lendemain de la Première Guerre Mondiale, vers un régionalisme teinté de " provençalisme ", plaqué sur des volumes et une distribution modernes.
Dans le même temps, le courant issu directement du mouvement moderne se radicalise et tente de trouver une légitimité face à une clientèle timide et souvent hostile.
Villas situées dans le quartier de Cap-d'Ail-Ouest
Ces villas, conçues pour de petits industriels, commerçants, fonctionnaires ou retraités, répondent à trois impératifs : budget limité, usage familial et occupation estivale. Leur surface habitable, rarement supérieure à cinq cent mètres carrés, est répartie sur un ou deux niveaux, parfois indépendants, avec une hauteur sous plafond ramenée à deux mètres quatre-vingts. Cette rationalisation de l’espace intérieur, destinée à réduire le coût de la construction, entraîne la suppression des pièces de réception et de service, désormais inutiles, la fusion du salon et de la salle à manger, jusqu’alors séparés, en une pièce unique appelée séjour, et le remplacement du vestibule, désormais réduit à un simple dégagement, par un porche.
La quête de la lumière et la vue sur le paysage
Villa Léa
Au cours des séjours hivernaux, la recherche de la lumière et du soleil apparaît comme une préoccupation majeure pour l’ensemble des propriétaires. Les théories hygiénistes développées dans la première moitié du XIXe siècle trouvent un écho favorable auprès des architectes qui éliminent peu à peu, grâce à l’emploi de linteaux métalliques, la surface opaque du mur au profit de baies vitrées plus larges. Les portes-fenêtres agrémentées de balcons ou de balconnets se généralisent sur l'ensemble des édifices au détriment des fenêtres. Les oriels et bow-windows, importés d'Angleterre, se multiplient principalement dans les salons, les salles à manger et parfois les chambres.
Villa Paloma. Tour avec belvédère sur l’angle nord-est de la façade nord.
Les vérandas, en maçonnerie ou en structure métallique conçue à partir d’éléments standardisés, produits en série, font leur apparition dans les années 1900. Ces petits espaces, en saillie sur la façade, sont aménagés en jardins d'hiver.
L'intérieur de la maison, baigné d'une lumière naturelle, s'ouvre désormais sur l'extérieur, offrant à ses occupants de nombreux points de vue sur le jardin et le paysage environnant.
Villa Marizzina. Façade nord.
L’intérêt porté à la vue et au paysage s’exprime également par la présence de belvédères vitrés, aménagés au sommet de la toiture ou d’une tour. Au-delà de sa fonction pratique, le belvédère, dont la forme s’apparente à celle de la vigie d’un navire, agit extérieurement comme un signal qui renvoie à l’idée de villégiature au travers des images qu’elle véhicule : l’ailleurs, le voyage, l’infini. Ce sont de toutes petites pièces desservies par un escalier en bois où l’on vient s’isoler, à l’écart de l’agitation domestique, le plus souvent seul, pour s’abandonner à la rêverie et à la contemplation du paysage lointain. Les belvédères, dont la prolifération entre 1885 et 1910 marque le paysage urbain, disparaissent progressivement dans l’entre-deux-guerre.
La douceur du climat de la Riviera encourage, les jours de beau temps, à profiter de l’extérieur. A la fin du XIXe siècle, les lieux de détente ouverts sur l’extérieur, couverts ou découverts, font leur apparition dans les villas de plaisance.
Villa Ermitage du Cap-Fleuri
Les terrasses, aux dimensions réduites, ne sont pas encore conçues comme le prolongement de l’espace intérieur mais en tant qu’élément autonome et indépendant, rattaché le plus souvent à une chambre. Elles sont aménagées sur les ailes et les éléments hors-œuvre : porche, oriel, bow-window ou véranda, le plus souvent sur les façades latérales, à l’abri des vents. Les loggias, originaires d’Italie, sont peu fréquentes. Elles sont généralement placées au sud, le plus souvent à l’étage supérieur et participent à la composition de la façade.
Les galeries ouvertes restent exceptionnelles et sont employées le plus souvent sur toute la longueur de l’édifice pour animer la façade de l’étage de soubassement et masquer les fenêtres étroites des caves.
L’influence de l’architecture italienne
Villa Papillon
Dans les villas de Cap-d’Ail, la référence à l'Italie apparaît, de façon plus ou moins appuyée, dans les proportions et la régularité des volumes, les toitures en terrasse ou en pente douce, les façades symétriques, couvertes d'un enduit lisse et colorées, soulignées au niveau inférieur par des refends ou un parement en moellons apparents.
Villa Les Terrasses.
Façade nord
Cas exceptionnel, la villa Les Terrasses présentait sur ses quatre faces un parement polychrome constitué d'une alternance régulière de lits de briques et d'enduit coloré, qui rappelait les façades de certains palais florentins de la Renaissance.
Villa Mirasol. Façade sud
Le caractère italien se manifeste également par la présence des perrons aux proportions parfois imposantes, des portiques, galeries ou loggias, avec arcades en plein-cintre retombant sur des colonnes avec chapiteaux, autant d'éléments qui animent les façades par le jeu de l'ombre et de la lumière. Le décor est sobre et mesuré. Il se concentre autour des baies par des encadrements, linteaux, frontons, moulurés, sur l'entablement par des frises peintes, sculptées ou en céramique et au niveau du couronnement avec des balustrades ou des parapets, parfois surmontés de sculptures.
Villa Roc-Fleuri . Détail du plafond de la salle à manger.
A l'intérieur, les plafonds peints renvoient à des thèmes légers, non narratifs qui rappellent l'environnement champêtre de la maison : des ciels lumineux et clairs, cernés d'une treille ou d'une guirlande végétale, axés sur un rameau fleuri accompagné d'une hirondelle ou d'un papillon. Il n'est pas inutile de rappeler que, dans cette région frontalière, maçons, artisans et artistes sont, pour la plupart, italiens.