
CANNES
ARCHITECTURES DE VILLEGIATURE
Textes de Camille Milliet-Mondon - Photographies de Marc Heller - 1994
Dès 1834, le site de Cannes a attiré les aristocrates anglais qui, les premiers, s'y établissent à la recherche de dépaysement et d'exotisme. Ce sont eux qui entreprennent, à la suite de lord Brougham, chancelier d'Angleterre, la construction de belles demeures de villégiature hivernale.
Par la suite, grâce aux facilités de circulation qu'offrait le train, les villégiateurs ont été toujours plus nombreux, leur séjour devenant estival à partir de 1920.
Demeure aristocratique, résidence bourgeoise, pavillon, chalet, la villa cannoise, cadre d'un séjour temporaire, se veut « originale et élégante » au XIXè siècle, « méditerranéenne » au XXè siècle.
Les villas cannoises témoignent des courants qui se sont succédés, depuis l'éclectisme du XIXè siècle jusqu'à la recherche d'un archétype de maison méditerranéenne à partir des années 1920.
Au XIXè siècle, l'engouement pour les civilisations anciennes et les cultures exotiques influence les constructeurs. C'est dans les formes du passé, de l'histoire de tous les temps et de tous les pays, que les acteurs de la créations puisent leur inspiration. La reproduction de modèles historiques et le pastiche des styles sont la règle.
Châteaux moyenâgeux à tourelles et mâchicoulis (Château Scott), édifices classiques aux belles façades symétriques (villa Magdeleine), modèles rustiques d'origine anglaise (villa Les Lotus), normande ou suisse (villa Château d'eau), modèles exotiques publiés dans les ouvrages de voyageurs érudits, servent de références.
Au XXè siècle, la villa s'attache davantage au territoire, s'adapte au milieu maritime, au climat, à la lumière et s'inspire de toutes les architectures de la Méditerranée.
S'inspirant de thèmes régionaux, notamment de Basse-Provence, les constructeurs élaborent des volumes imbriqués (voir en particulier les oeuvres d'Henri Bret ou de Pingusson) et utilisent tuiles creuses, terres cuites émaillées (La Colinette, Bagatelle), enduits colorés (La Palette), génoises (La Colinette) et pigeonniers (Bagatelle). Ailleurs, le contexte aboutit à une simplification des formes, à la mise en oeuvre d'enduits lisses et blancs (Chante Merle, Les Ondes) qui évoquent le sud et l'orient méditerranéens ou l'esprit nautique propre aux paquebots modernes.
Cet itinéraire veut mettre en évidence le travail créateur des principaux architectes qui ont façonné le visage résidentiel de Cannes, de 1835 au renouveau des années 20, et ont contribué à écrire une page importante de l'histoire de l'architecture française.
Dans le cadre de son programme de recherche sur l'architecture de villégiature balnéaire, le service régional de l'Inventaire a réalisé une étude thématique sur plus de 300 villas cannoises, dont les notices descriptives sont consultables sur la base Mérimée du Ministère de la Culture.
Les pages suivantes sont extraites d'un numéro de la collection des Itinéraires du Patrimoine, publié en 1994.