Un bâtiment alliant pan-de-bois, empilages et maçonnerie au Clottet (Cervières).

La Maison

A la fin du XIIIe siècle, la très grande majorité des villages et des hameaux du nord des Hautes-Alpes que nous connaissons aujourd'hui étaient habités. Nous disposons malheureusement de fort peu d'éléments de datation du bâti. Les dates portées, l'observation archéologique des bâtiments ou les hiérarchies de formes ne livrent que de rares indices.

 

A défaut de données plus précises, on peut tenter de mettre en relation les grandes fluctuations économiques et démographiques et les périodes de construction et d'abandon. Les périodes d'essor démographique qui marquent la région au XIIIe siècle, dans la deuxième moitié du XVe et la première moitié du XVIe siècle n'ont malheureusement laissé que peu de traces. Seuls la vallée de Molines et le Guillestrois conservent quelques baies du XVe ou du XVIe siècle. Tel qu'il se présente aujourd'hui, l'habitat rural du nord des Hautes-Alpes date en effet du XVIIIe siècle et des premières décennies du XIXe siècle.


Le quartier du Châtelet, à Saint-Véran, le 1er juillet 1906. Cliché Rivière, Institut de Géographie alpine.
De la fin du Moyen Age à 1914, toutes les vallées du nord des Hautes-Alpes ont connu une organisation économique et sociale comparable. Leurs habitants, petits propriétaires exploitants, pratiquaient la culture du seigle associée à un élevage spéculatif dont l'importance a varié et, dans la zone sud, à la viticulture. Mais ces activités agricoles, qui devaient être menées à bien pendant la courte saison végétative, n'étaient pas leur seule source de revenus. Tous les agriculteurs du nord des Hautes-Alpes étaient des pluri-actifs; l'hiver, ils devenaient artisans sur place ou migraient vers d'autres régions.

Toutes les demeures, quelle que soit la profession de leur propriétaire, concentraient sous le même toit un logis de taille réduite, une vaste étable où cohabitait tout le cheptel et une grange-fenil. Sur l'ensemble du territoire étudié, nous n'avons observé qu'une seule maison sans dépendances agricoles. La situation de ce bâtiment, à proximité immédiate du château de L'Argentière, au hameau du Serre-Bas, explique peut-être cette distribution inhabituelle.