Datation des campagnes principales de construction :
2e moitié 19e siècle ; 20e siècle
Datation des campagnes secondaires de construction :
1ère moitié 19e siècle
Datation en années :
1807 ; 1861 ; 1857 ; 1862 ; 1880
Justification de la datation :
daté par source ; daté par source ; porte la date
Commentaire historique :
Le cimetière de Menton est aménagé sur le site de l'ancien château médiéval dominant la cité, à l'abandon depuis la fin du 17e siècle. En 1805, les murs en ruines sont saisis comme bien national et acquis par la municipalité dans l'objectif d'y établir le cimetière, suivant en cela les injonctions du décret du 23 prairial an XII (12 juin 1804) qui interdit les inhumations dans les églises. A Menton, celles-ci se faisaient à l'intérieur de l'église Saint-Michel ou à l'extérieur pour les étrangers à la ville ou les défunts non catholiques. La décision d'aménager le cimetière dans les ruines du château est peut-être inspirée par Nice qui avait inauguré son nouveau cimetière sur l'emplacement de l'ancienne citadelle en 1783. Dans le décret de Prairial figurait aussi le fait que les cimetières devaient occuper de préférence "les terrains les plus élevés et exposés au nord". L'acte d'achat est signé en 1807, mais en 1809 la préfecture prévient qu'elle n'accordera pas de crédits pour les travaux. Il semblerait alors que les inhumations aient été réalisées directement dans cet espace sans véritables aménagements ou construction de tombeaux. C'est ce qu'écrit Flaubert après sa visite de Menton en 1845 dans son carnet de Voyage en Italie et en Suisse (cité dans Cimetière du Vieux-Château à Menton) : "Quel admirable cimetière en vue de cette mer éternellement jeune ! Pas de croix, pas un tombeau ! L’herbe est haute et verte ; à peine s’il y a des ondulations légères qui font ressembler les champs des morts à des champs de blés fauchés." et citant le fossoyeur : "tout l’ouvrage qu’il a fait depuis plus de trente ans qu’il ensevelit les gens du pays." Les travaux d'aménagement ont lieu entre 1855 et 1858, peut-être à la suite de l'ordonnance royale du 6 décembre 1843 "relative aux cimetières". Les murs en ruine du château et la tour nord-ouest sont abattus et la plateforme supérieure est aménagée, circonscrite dans le tracé du plan ovale du château et du bastion nord en surplomb construit en 1503. Des pans de murs sont encore visibles dont la pointe de l'éperon taluté avec son chaînage d'angle. Cette espace abritait les concessions perpétuelles, à la place de la tour se trouvait le cimetière protestant. Ce noyau central dominait une couronne de terres communes s'étirant en pointe vers le nord (concessions temporaires), jusqu'au dépositoire. C'est ce que l'on peut voir sur un plan de 1861 (AD 2 O 627). Les tombeaux les plus anciens datent de 1857. En 1862, on prévoit l'agrandissement par l'achat de propriétés privées situées au sud et à l'ouest du premier noyau. Des travaux d'aménagement ont lieu jusqu'en 1875. En 1880, l'entrée qui se trouvait au sud, côté ville, est reportée au nord, c'est l'entrée actuelle. C'est dans les années 1880 que se constitue le paysage du cimetière du Vieux-Château tel qu'il est actuellement avec la construction de nombreuses chapelles. Stéphen Liégeard peut dire vers 1885 à son propos : "Des fleurs, des statues, des bustes, des médaillons ornent les délires romantiques de cette forteresse." (Cité dans Cimetière du Vieux-Château à Menton). Le cimetière est très vite saturé et un nouveau cimetière est mis en chantier en 1873 au quartier proche du Trabuquet. Il accueille en effet une très forte population de défunts cosmopolites venus de Russie, d'Allemagne, d'Angleterre, de Pologne, souvent décédés très jeunes de la tuberculose qu'ils avaient tenté de venir soigner à Menton. Sur un plan de 1898, on voit mention d'un cimetière protestant, plus étendu que celui de 1861, et d'un cimetière russe.
Parti d'élévation extérieure :
jardin en terrasses
Commentaire descriptif :
Le cimetière est situé au sommet d'un escarpement rocheux qui domine la mer à 77 m d'altitude d'où il jouit d'une vue remarquable. On y accédait à l'origine uniquement par la rue du Vieux-Château très pentue et jalonnée d'escaliers. Depuis 1880, l'accès en voiture est possible par la montée du Souvenir.Il occupe une superficie de plus de 5000 m² et comprend environ 1300 tombes. Il est constitué de plusieurs terrasses à six niveaux différents, contenus par des murs de soutènement et reliés entre eux par des escaliers. Le plan d'ensemble présente une partie centrale aux allées concentriques, prolongée par deux avancées au nord et au sud. Le noyau central, sur deux niveaux, est inscrit dans le plan ovoïde de l'ancien château et dans la pointe du bastion nord. La disposition en arrondi des tombes suit le tracé des murs. C'est la partie la plus ancienne. Elle contient des tombes de familles mentonnaises des années 1860 dont certains membres se sont illustrés dans la politique locale : Louis Laurenti, maire de Menton de 1885 à 1896, François Fontana, maire de 1905 à 1929. Contre le mur à l'opposé du bastion, sont adossées des chapelles funéraires. Dans la pointe au nord, sous le bastion, qui correspondait à des concessions temporaires on trouve des tombes plus modestes également de familles mentonnaises. A l'ouest, la première terrasse en cercles sous les murs du château regroupe de nombreuses chapelles. On y remarque une "rue" bordée d'imposantes chapelles funéraires jointives des années 1880-1900. Ces chapelles appartiennent à des familles de Menton d'origine italienne. Un petit carré contre l'éperon du bastion, au nord-est était le premier petit cimetière protestant. On y trouve encore des tombes anglaises. Malgré la laïcisation des cimetières en 1883, on trouve encore sur un plan de 1898 le mention du nouveau "cimetière protestant", correspondant à l'extension de 1862. Il regroupe en fait les tombes des étrangers, surtout Anglais mais aussi Hollandais ou Polonais. Ces carrés se distingue par des alignements de plates-tombes. On trouve également des Britanniques dans l'avancée de plan rectangulaire au sud-est. Les Russes avaient un carré autour de leur chapelle dépositoire. Différents types de tombeaux se rencontrent ici, certains courants, croix sur socle, sur un piédestal ou sur une stèle adossée, sarcophages... Les chapelles funéraires de plus ou moins vastes proportions sont en nombre important. Une version plus modeste de la chapelle consiste ici en un édicule vitré en fer forgé ou en zinc abritant la tombe. Certaines formes sont plus spécifiques au cimetière de Menton, ainsi les plates-tombes britanniques, parfois entourées d'une clôture en fer forgé. Un ensemble de tombes est d'un modèle plus inhabituel (concessions 355 à 361, côté est), peut-être d'influence italienne. Ces caveaux sont aménagés dans un mur de soutènement. Sur l'allée inférieure, ils forment un long alignement de façades identiques sur deux registres. La porte d'accès au caveau, en plein cintre est au registre inférieur. Le registre supérieur est aveugle et porte un décor italianisant d'oculi, tables saillantes et corniches moulurées, effet italianisant renforcé par l'enduit ocre des murs. Sur l'allée supérieure, au niveau au-dessus, les mêmes tombeaux sont d'un autre style. Chaque tombe est différente et son mobilier (clôture, stèle, statuaire) se trouve donc sur le toit du caveau.
Site, secteur ou zone de protection :
site inscrit
Intérêt de l'oeuvre :
à signaler
Eléments remarquables :
tombeau
Observations :
Le cimetière présente un grand intérêt paysager et patrimonial. Il jouit d'une situation dominant la ville et la baie de Menton. Il présente aussi un ensemble de tombes remarquables du dernier quart du 19e siècle et du 1er quart du 20e siècle où l'on distingue les tombeaux des familles locales, de style néo-classique ou italianisantes comme ces séries de chapelles funéraires formant un seul alignement de façades ocrées, à décor d'oculi, tables saillantes, entablements moulurés, et les tombeaux des hivernants d'un style parfois plus pittoresque et orné (urnes, colonnes brisées, statuaire...).C'est un bon exemple d'ensemble funéraire directement lié à la fonction de station de villégiature climatique qu'avait Menton à la fin du 19e siècle.