Villa Bleue (Barcelonnette)
La grande verrière
La longue et fructueuse complicité de Jacques Gruber avec Joseph Hiriart conduit pour la seconde fois le peintre-verrier à Barcelonnette.
Le thème traité par Gruber à la demande d’Hiriart, est lié à l’Industrie et au Progrès, thèmes nouveaux révélés à l’exposition des Arts Décoratifs de 1925 et souvent traités par Jacques Gruber.

Dans un saisissant raccourci imagé, l’imposante verrière (2 m x 8 m) célèbre la réussite de tous les entrepreneurs barcelonnettes dans l’industrie textile et le négoce.

Au premier plan, au-dessus de la porte, sont représentés les métiers à tisser, puis les fabriques et leurs hautes cheminées en activité, enfin la silhouette emblématique du grand magasin de nouveauté (La Francia Maritima à Mexico, propriété du commanditaire). En arrière-plan figure une chaîne de montagne qui fait plutôt songer à la silhouette voisine du Chapeau de Gendarme plutôt qu’au Popocatépetl.
Une composition abstraite, marquée par l’utilisation quasi exclusive du verre blanc, introduit par Gruber dès 1922, sert de premier plan à cette vaste fresque figurative, fondée sur une écriture géométrique en résonance avec nombre de recherches plastiques contemporaines.

Pour ce paysage industriel inédit, Jacques Gruber utilise en grande quantité le verre américain, verre industriel coulé à reliefs, (chenillé, plissé, maroquiné…), qu’il affectionne particulièrement. La matière variée du verre américain qui laisse passer la lumière et la réfléchit permet au vitrail d’être regardé sur les deux faces. Le soir, éclairée de l’intérieur, la grande verrière, exécutée dans un camaïeu de tons froids bleus et violets, acquiert une dimension matérielle et devient "un épiderme sensible".