Caractéristiques d'une pratique populaire, les ex-voto présentent de nombreux poncifs, tels que la présence de l'intercesseur* et des orants* dans un décor en constante évolution.

* intercesseur : personnage céleste invoqué pour la réalisation d'un voeu ou en reconnaissance d'une faveur obtenue.
* orant : personnage représenté dans une attitude de prière


La place accordée au médiateur céleste
Demande de guérison de Madame Reymondi. Huile sur toile, 1814.

L'intercesseur est présent sur 95% des ex-voto. C'est la Vierge qui est la représentation céleste la plus fréquente, comme dans la plupart des ensembles d'ex-voto. Occupant généralement un angle supérieur du tableau, elle peut figurer dans un halo de nuages ou de lumière, les bras tendus vers les orants, ou en prière. Seule ou avec l'Enfant, elle est souvent représentée de taille supérieure aux personnages terrestres. A la fin du XIXe siècle, la place accordée à l'intercesseur tend à se réduire, laissant une plus grande part à la scène terrestre.
Au XXe siècle, la prédominance de l'image de Notre-Dame de Consolation, reproduction de la statue représentant la Vierge à l'Enfant placée dans le collatéral nord de la chapelle, marque l'attachement à ce particularisme local.

Vierge à l'Enfant dite Notre-Dame-de-Consolation. Huile sur carton, 1955.

D'autres personnages célestes figurent parfois sur les ex-voto parmi lesquels les plus fréquents sont les évêques, associés à la Vierge ou seuls tel saint Clair invoqué pour soigner les maladies oculaires.
Quelques ex-voto ne présentent pas d'intercesseur mais un halo lumineux évoquant la présence surnaturelle.

La représentation des orants

Les orants sont présents sur les ex-voto d'actions de grâce ainsi que sur ceux figurant des scènes narratives. Au cours des siècles, leur représentation et leurs attitudes évoluent en fonction des changements sociaux.

Demande de guérison d'un enfant (N° 3).

Très présents aux XVIIe et XVIIIe siècles, occupant le 1er plan du tableau, les orants tiennent autant d'importance que l'intercesseur et les personnages représentés ; c'est le moyen le plus démonstratif d'évoquer l'action de grâce.
Petit à petit ils se font plus discrets au profit de la représentation événementielle (maladie, accident...).

Demande de guérison de Jules Béraud. Huile sur toile, 1862.

Contrairement aux siècles précédents où la plupart des personnages sont en prière, dès le XIXe siècle, les hommes sont plutôt regroupés au chevet du malade ou de la victime, tandis que les femmes restent dans des attitudes de prière. Cette évolution peut s'expliquer par la déchristianisation plus précoce de la population masculine en Provence.

Au XXe siècle, orants et intercesseur disparaissent de la grande majorité des ex-voto.
Alors que sous l'Ancien Régime, les orants appartiennent manifestement à la bourgeoisie, dès le XIXe siècle, avec la démocratisation de l'usage des ex-voto, les orants appartiennent souvent aux milieux populaires.

De l'évocation à la théâtralisation

Au fil des siècles, l'iconographie évolue de façon manifeste. Simple évocation à l'origine, l'ex-voto tend à devenir la représentation d'un événement précis avec une mise en scène de plus en plus détaillée.
De 1730 à la fin du XVIIIe siècle, le décor apparaît très sommaire, l'espace céleste étant largement dominant, signe manifeste de l'importance accordée à la relation de protection et de remerciement.
Dès le début du XIXe siècle, la représentation de l'événement prend le pas sur l'action de grâce, apportant plus de précisions sur les circonstances du danger affronté ou de l'accident .Ainsi, les scènes d'intérieur se meublent, se peuplent davantage, le paysage familier plus souvent rural qu'urbain gagne en réalisme.
L'ensemble de la composition s'organise autour du malade ou de la victime et se structure grâce à l'utilisation, parfois maladroite, de la perspective. Le décor précise les détails quotidiens.
Certains personnages apparaissent tel le médecin, absent aux siècles précédents, témoin de la médicalisation de la société à partir du XIXe siècle. Les personnages, désormais issus de milieux populaires, sont figurés dans leurs vêtements de travail, dans des attitudes de plus en plus dramatiques.
Face à cette évolution du décor, les scènes marines paraissent en avance sur les autres ex-voto avec la représentation détaillée des différents gréements, même pour les tableaux les plus anciens. Ce phénomène s'applique à de nombreux ensembles votifs de ce genre et peut être rapproché de la pratique ancienne des graffiti marins, où les navires sont figurés avec une grande précision.

A partir du XXe siècle, la représentation se simplifie et tend de plus en plus vers l'abstraction, à l'instar de l'évolution picturale générale, signe manifeste d'un changement des mentalités.

Charrette dans une rivière. Huile sur toile, 1903.
Plage A. Huile sur toile, 1984.