Les Oursins

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   Les Itinéraires du Patrimoine Culturel

Zone de Texte: Vie dans les courées
Zone de Texte: De nombreux habitants ont rénové et transformé leurs maisons pour y vivre plus confortablement. Cependant dans certaines courées, les maisons sont petites et vétustes; l'humidité des murs est souvent un inconvénient. Les cloisons dans certaines maisons sont minces et comme dans d'autres types d'habitat, le bruit est souvent à l'origine de mésententes entre voisins.
Zone de Texte: "Regardez ça fait comme dans les immeubles, ça. Dans les HLM tu entends tout. Ceux qui ont des machines à laver, c'est défendu, de mettre des machines à laver le soir. Et il y a pas que la machine à laver. Quand ils mettent la stéréo, là, le soir ?
"Là il y avait la chambre. Quand on faisait couler l'eau, les gens ils dormaient, et ils étaient pas contents ! Et quand ils se disputaient ! Tu entends tout, tu entends tout ! Des maisons comme ça, ça ne se fait plus, maintenant, c'était au temps... d'avant. Le progrès s'est fait après..."
D'autre part le face à face des entrées des maisons est parfois considéré comme une gêne. Dans la courée, on ne peut rien faire sans que son voisin en soit aussitôt informé. Cette proximité visuelle et sonore, caractéristique de la courée, si elle provoque un certain nombre de contraintes, permet aussi de mieux s'en libérer : l'interconnaissance  entre voisins permet parfois une meilleure gestion de la proximité.
"Nous on était avec des gens, c'était une amie, on était collègues, ils étaient pas embêtants. Ils pouvaient faire du bruit, nous on en faisait aussi".
"Nous ici ça ne nous a jamais dérangés. Parce qu'on était habitués, parce qu'on se connaissait".
Zone de Texte: Comme partout ailleurs, les courées sont des lieux d'habitation où chacun doit se conformer à certaines règles de civilité. La propreté, le bruit, les animaux, le comportement des enfants : autant de sujets délicats auxquels il faut faire face. La proximité et le partage de l'espace dans la courée, qui font qu'on observe malgré soi, qu'on voit sans vouloir voir, qu'on entend sans vouloir entendre, entraînent un certain nombre de pratiques spécifiques à une "culture de la courée". 
Zone de Texte: Ainsi, si l'interconnaissance permet de résoudre certains conflits, l'échange de services entre voisins est une pratique hautement valorisée dans la courée : il comprend la surveillance réciproque en cas d'absence momentanée (on demande au voisin de "jeter un oeil" sur sa maison), l'arrosage des fleurs (certains voisins se confient réciproquement leurs clés pour l'entretien intérieur des plantes vertes), les courses (pour un voisin ou une voisine âgée par exemple). L'entraide est évoquée comme un principe, une règle de bon voisinage dans certains cas précis : beaucoup de personnes âgées comptent sur l'aide et l'intervention des voisins en cas de maladie, de malaise ou d'accident.
Zone de Texte: D'autre part, dans la courée, se parler entre voisins est plus fréquent qu'ailleurs : se dire "bonjour" tous les matins est à la base d'une "culture tonique de la bonne humeur" qui se transforme souvent en longues conversations sur le pas de porte. Ceci est avant tout une "affaire de femmes". Il est courant d'installer quelques chaises dans un coin de la cour pour causer tranquillement entre voisines, en fin d'après-midi, avant le repas du soir. Les hommes ? Ils le font rarement. Mais dans la courée, "on ne critique pas". L'humour et la plaisanterie remplacent les commérages. De plus, la discrétion est une règle de la conversation dans la courée. Cette retenue de principe, qui fait que l'on baisse la voix en certaines circonstances, s'accompagne de façons de faire paradoxales : laisser une porte-volet entrebâillée, ou une porte d'entrée entrouverte, pour signifier sa présence et sa disponibilité au voisin ou à la voisine : autant de moyens pour montrer sa bonne volonté et sa qualité de participant actif à une "culture de la courée", culture du partage et de la surveillance de proximité. 
Zone de Texte: Autrefois, ça ne me déplaisait pas comme on a vécu, je le raconte à mes enfants, ça ne me déplaisait pas, on était contents, c'est vrai, même qu'on se chauffe au charbon de bois, on était des familles nombreuses, on se réunissait le soir, entre voisins, tout ça, on avait une meilleure ambiance que maintenant, on se connaissait tous, s'il y avait une maladie on s'aidait davantage que maintenant. Les parents étaient très unis, c'était tout des familles nombreuses".